Date limite: 15 mai 2014
L'idéal d’éducation chez les noblesses européennes
(XVIIe- début du XIXe siècle)
Colloque international
Moscou, 26-27 septembre 2014
Deutsches Historisches Institut Moskau
Moscou, Nakhimovski prospekt, 51/21
Coorganisé par : l’Institut historique allemand de Moscou (DHI Moskau), le Centre franco-russe en sciences humaines et sociales de Moscou, le Centre d’études des mondes russes, caucasien et centre-européen (EHESS, Paris), le Groupe de recherche international n°375 « La Russie et l’Europe occidentale : transferts et circulations culturelles », l’Université nationale de recherche « l’Ecole des Hautes Etudes Economiques » (Moscou) et avec le soutien de l’Université Fédérale de l’Oural (Ekaterinbourg).
Comité d’organisation : Wladimir Berelowitch (EHESS), Vladislav Rjéoutski (DHI Moskau).
Comité scientifique : Jean Boutier (EHESS, Marseille), Igor Fedyukin (Ecole des hautes études économiques, Moscou), Dominique Julia (CNRS/EHESS, Paris), Alexandre Kamensky (Ecole des hautes études économiques, Moscou), Victor Karady (Central European University, Budapest), Olga Kosheleva (Institut d’histoire universelle, Moscou), Jan Kusber (Johannes Gutenberg-Universität Mainz), Alexandre Tchoudinov (Institut d’histoire universelle, Moscou).
Du XVIIe au début du XIXe siècle, l'éducation des jeunes nobles en Europe fut soumise à de fortes transformations, sous l'effet, à la fois, des mouvements de société, de l'évolution des idées et de l'action des autorités politiques et religieuses. Ces transformations, dont la plupart excédèrent le seul cadre de la noblesse pour toucher l'ensemble des élites, se traduisirent, sur le plan concret, par l'invention de nouvelles formes institutionnelles (extension des collèges catholiques et protestants, multiplication des écoles militaires, puis des écoles d’ingénieurs, création des écoles de filles, nouvelles créations d'universités et évolution du système universitaire...) et la systématisation de nouvelles pratiques (extension puis mise en cause de l'internat, montée de l'éducation individuelle et domestique, Grand Tour éducatif, recul du latin et des enseignements traditionnels au profit de nouvelles matières, y compris le français....). Mais ces formes matérielles s'accompagnaient aussi d'une évolution des idées qui pouvaient aussi les avoir provoquées. Toute la période fut en effet très riche en projets éducatifs, qui allèrent crescendo, à l'échelle des États et des élites comme à celle des familles. Qui plus est, et cette coïncidence ne doit probablement rien au hasard, l'époque considérée fut aussi celle où les élites, et en particulier la noblesse, furent soumises, à des degrés divers, à un fort mouvement d'autodéfinition, de redéfinition, de mise en question. Enfin la période, particulièrement depuis le milieu du XVIIIe siècle, fut caractérisée par une intense circulation de modèles éducatifs, souvent à vocation universelle, d'un bout à l'autre de l'Europe, ce qui n'empêchait pas certains d'entre eux d'être revêtus, soit par leurs partisans, soit par leurs détracteurs, de couleurs nationales. Ainsi en alla-t-il, par exemple, des modèles universitaires allemands, de l'éducation britannique ou encore de ce qu'on pourrait appeler post factum, en reprenant les discours de ses adversaires, un "modèle français". Bien évidemment, les exigences que les élites européennes formulaient à l'égard de l'éducation furent marquées par toutes ces évolutions des institutions, des pratiques et des projets étatiques, dont il faut tenir le plus grand compte si l'on veut lire correctement les divers et nombreux discours dont l'éducation fit l'objet.
Le but de ce colloque sera d'étudier les idées sur l’éducation des noblesses, afin de mieux comprendre les idéaux éducatifs, politiques, culturels, sociétaux, qui s'en dégageaient et les fondaient.
La période choisie est celle qui suivit les grandes crises religieuses du XVIe siècle, et jusqu'aux crises politiques et aux guerres de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle.
Pour les raisons évoquées plus haut, en particulier la circulation des modèles éducatifs, il nous paraît important que l'aire couverte par le sujet comprenne l'ensemble de l'Europe. Une attention particulière sera accordée à l'Europe orientale et notamment à la Russie (la cour et la noblesse russes, mais aussi la noblesse allemande des provinces baltes ou originaire d'Allemagne, la noblesse ukrainienne, polonaise), dont l'historiographie, pour le sujet qui nous préoccupe, est dans l'ensemble moins avancée qu'en Europe occidentale et qui est peu connue dans les pays occidentaux, alors que l'étude de ces pays, souvent objets de transferts tardifs comme la Russie, est éclairante pour l'ensemble du continent européen, et non pour eux seuls, permettant des comparaisons très fécondes.
La base de cette analyse doit être cherchée dans les milieux sociaux les plus concernés, qui sont les noblesses grandes et petites, ainsi que les éducateurs. Elle peut être puisée dans des sources très variées, comme les textes à caractère philosophique et moral, les traités nobiliaires, les textes normatifs y compris législatifs, les règlements d'institutions, les plans d'études, les correspondances, mémoires et journaux intimes, les œuvres littéraires, etc.
Parmi les questions que nous proposons de discuter dans le cadre de cette rencontre, nous pouvons mentionner :
- Quelles furent les finalités de l’éducation d’un noble, quels furent les modèles d’éducation dans les différents pays européens, dans quelle mesure ces modèles ont-ils circulé en Europe?
- Quels furent les types de formation prisés par la noblesse et comment ces préférences évoluèrent-elles selon les époques et les pays?
- Quelle fut l'interaction (stimulation, transformation, conflits, inadéquation totale...) entre ces objectifs et les moyens existants, institutionnels, financiers, humains, pratiques, de l’éducation nobiliaire?
- La circulation et la réception de notions clé dans l’éducation nobiliaire telle que "honnête homme", "homme de cour", "politesse", "civilité", "citoyen"…
- L’adaptation du modèle nobiliaire d’éducation à la modernité, à l'évolution sociale, aux politiques monarchiques ou républicaines.
- Les oppositions aux modèles d’éducation nobiliaire, les tendances dissidentes dans les milieux de la noblesse elle-même.
Les langues de travail du colloque sont l’anglais et le russe, la traduction simultanée sera assurée.
Les propositions de communications (d’une durée de 20 min) doivent être envoyées avant le 15 mai 2014 aux adresses suivantes : Vladislav.Rjeoutski@dhi-moskau.org et wladimir.berelowitch@ehess.fr. Elles doivent comprendre un titre, le nom et l'institution d'attache de l'auteur, et un résumé d'environ 250 à 300 mots (une page). La réponse du comité d’organisation sera notifiée au plus tard le 15 juin 2014. L’aide financière couvrant les frais de participation au colloque peut être proposée à un nombre limité de participants.