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vendredi 27 mai 2011

Appel à communication: "La Fabrique du Soviétique dans les arts et la culture"

Construire / déconstruire « l’homme nouveau »

en URSS

Colloque Paris – 16 et 17 décembre 2011

Date limite: 29 juin 2011

Dès son instauration, le pouvoir bolchevik annonce vouloir construire un monde nouveau, communiste, et faire tabula rasa du passé (ce en quoi il peut, d’ailleurs, paraître s’inscrire dans des revendications d’artistes pré-révolutionnaires). La révolution est comparée à l’apocalypse, et la classe ouvrière à un creuset où serait modelé un « homme nouveau », adhérant à des valeurs spécifiques et vivant dans des conditions radicalement différentes de celles de l’époque précédente. Cet « homme nouveau » - le Soviétique – est censé être le résultat, mais aussi le moyen de la construction du communisme en URSS, et il restera un objectif, proclamé dans les discours des plus hauts dirigeants, jusque dans les années 80.

Dès lors, un certain nombre de mesures, à la fois administratives, politiques, éducatives et artistiques, sont mises en œuvre pour permettre cette transformation. Le système éducatif est réformé en profondeur dès 1918, lorsque Anatoli Lounatcharski devient commissaire à l’Instruction publique et - c’est symptomatique et symbolique - il chapeautera aussi les affaires artistiques. L’art – la littérature, le cinéma, le théâtre, la musique… - est, en effet, censé jouer un rôle majeur dans cette entreprise gigantesque de modelage (pererabotka, perestroïka) des individus et des sociétés. Ce rôle dévolu aux créateurs est résumé par l’expression de Staline selon laquelle les écrivains seraient les « ingénieurs des âmes humaines » : ils doivent, en effet, « rééduquer » la population, et le même but est attribué à l’ensemble des artistes et des « travailleurs de la culture ».

L’objet de ce colloque est d’explorer, dans le domaine de la culture et des arts, entre 1917 et 1991, les différentes manières de « formater » les individus, de changer leur mentalité, leur comportement et leur mode de créativité. Il s’agit d’examiner certains paradoxes : par exemple, ceux qui consistent à rompre avec la religion tout en renvoyant aux mythes païens et chrétiens, et à vanter les mérites du collectif en mettant en avant des héros modèles, figures emblématiques et agents de la conversion spectaculaire du monde. Il importe de confronter l’inventivité des avant-gardes au conformisme des masses, et la volonté affichée de régénérescence dynamique à l’engendrement d’artistes et de publics apparemment dociles, indifférents, passifs, cyniques.

La déconstruction ne concerne pas seulement la période qui commence avec le Dégel et se termine par la chute de l’URSS. Il convient de montrer aussi les résistances au projet de construction, chez ceux qui sont appelés à se convertir (les « popoutchiki ») et chez les militants de la nouvelle cause.

Nous suggérons donc d’étudier :

  • les moyens et les procédés de la construction/déconstruction (modèles, organisations, mots d’ordre, programmes, moyens matériels) ;
  • des parcours d’individus qui témoignent de ces processus de construction/déconstruction
  • des œuvres et des histoires d’œuvres qui reflètent l’adaptation ou la résistance aux nouvelles normes.

Les propositions de communications (un intitulé, une dizaine de lignes de présentation de votre projet, ainsi que votre statut universitaire en trois lignes) sont à nous envoyer pour le 29 juin 2011 au plus tard. Réponse avant le 15 juillet 2011.

Marie-Christine Autant-Mathieu (CNRS-Arias) autant.mathieu@wanadoo.fr

Cécile Vaissié (Rennes 2) cecile vaissie

(avec le soutien financier de la FMSH)