APPEL À COMMUNICATIONS
Colloque La Mélancolie à la MSHA,
Pessac, 2-3-4 mars 2011
De l’antiquité au 18ème siècle, on a longtemps considéré la mélancolie comme une tristesse prolongée qui provenait d’une humeur corrompue. Dès le départ, avec la thèse humorale de la mélancolie, une humeur naturelle du corps engendre des représentations imaginaires : la bile noire a partie liée avec la nuit, la mort, un poison, un feu sombre, une matière lourde qui enténèbre l’esprit.
Depuis la fin du 18ème, la mélancolie a fasciné les écrivains de la modernité. Elle peut encore être présentée en tant que pathologie, mais aussi comme une affection de l’esprit. Les effets de cette mélancolie seront étudiés à travers la vision du monde de chaque artiste. Dans ce chassé croisé entre l’âme et le corps, le métaphysique et le physique, la mélancolie demeure le plus souvent insaisissable. On continue d’interroger la mélancolie pour savoir si sa souffrance est somatique ou psychologique. Vue de l’extérieur, la mélancolie pourraît être une pathologie, vue de l’intérieur, c’est une façon d’appréhender et d’habiter le monde.
Il ne faut pas confondre la mélancolie et l’ennui, même si ces deux notions peuvent être étroitement liées. Comme l’ennui, la mélancolie a un lien avec le vide, l’absence. Mais ce vide est plutôt ici une béance, il s’exprime dans l’excès. La mélancolie creuse la hantise de vide au sein de la vie. Comme l’ennui on peut définir la mélancolie dans un rapport au temps, mais ce n’est pas le même. Le mélancolique est incapable de prendre en compte le présent. Il peut osciller entre la nostalgie du passé et les chimères de l’avenir. Il voit s’effondrer le fondement même de son présent.
Il sera intéressant d’étudier la double pente de la mélancolie : colérique et élégiaque, polémique et nostalgique. Il paraît essentiel d’approfondir le lien entre mélancolie et nostalgie. Il convient de distinguer la mélancolie de la nostalgie (qui peut être une dimension de la mélancolie), de la folie aussi même si dans ses excès la mélancolie peut conduire jusqu’aux portes de la folie.
La mélancolie moderne est le pressentiment qu’aucune harmonie ne peut plus rassembler et ordonner les fragments du réel, les éclats dispersés du visible, elle est conscience qu’aucune loi d’ensemble ne peut délivrer le sens du réel, de la nature, l’identité de l’originel.
Il faudra aussi se pencher sur la passionnante quête de l’écriture de la mélancolie qui s’exprime dans un double mouvement de construction et d’abolition. Le présent glisse déjà dans un jadis qui signale l’impossibilité de s’inscrire dans le présent.
- Le colloque aura lieu à la MSHA les 2, 3 et 4 mars 2011.
- Date limite d'envoi des propositions de communication: le 15 juin 2010
- Contact: Gérard Peylet : gerard.peylet@u-bordeaux3.fr